AGAPE

Agape, nouvelle recrue de la scène pop francophone, continue d’installer son décor pictural et allégorique avant l’arrivée de son second EP, dont “Peur du vide” fera partie.

Un plongeon, long et vertigineux, d’un corps en slip de bain qui frôle les murs des gratte-ciels dans le décor turquoise d’une météo clémente. Voilà la première image qu’on a eu du projet Agape en découvrant le clip Peur du vide, animé par l’artiste lui-même et brillamment illustré par Elisa Benchetrit. Le deuxième extrait d’un EP prévu pour Décembre 2020, déconseillé aux acrophobes, mais qui pour tous les autres finit de poser un décor onirique qui mélange en simultané légèreté et chute libre.

En fond de scène, les paradoxes de notre époque sur-connectée où le réel se heurte à sa distorsion numérique et où le flux d’informations, le torrent d’images et le brouhaha des sons s’entassent au creux de nos têtes. Un thème déjà très présent dans son 1er EP Nuage, sorti chez PIAS. Face au climat saturé, l’auteur-compositeur-interprète parisien se détache de la réalité pour s’en créer une autre, au vacarme filtré et aux images épurées. Citant Damon Albarn (Blur, Gorillaz et The Good, the Bad and the Queen) et Stanley Kubrick sur la même ligne que Donald Trump en influences artistiques, Pierre-Alain Grégoire alias Agape mélange les styles puis les époques en ajoutant au moodboard Le Roi et l’Oiseau – dessin animé de Paul Grimault qui s’appuie sur des textes de Jacques Prévert.

La référence se situe au début des années 80, dans le chef d’œuvre de Paul Grimault : “Le Roi et l’Oiseau”, sauf qu’aujourd’hui, l’oiseau est mort et le roi s’est envolé. – Agape

Ceci étant dit, si l’ambiance semble morose, basculant sans cesse entre couleurs pastels et histoires sombres, la bande originale en ressort plus optimiste. Des textes sophistiqués en français, entêtants, qui bercent et font réfléchir en même temps, posés sur une mélodie pop-électro fraîche et pétillante.

Pour l’EP, il faudra attendre Décembre mais d’ici là, Peur du vide est à toi.