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INTERVIEW

A 28 ans, Alban Claudin saute avec brio le pas du premier album avec « It’s a Long Way to Hapiness », sorti le 26 mars 2021.
« Même s’il n’a que 300 ans, le piano a été exploité sous toutes les formes possibles et il est très difficile de réinventer cet instrument, d’en faire quelque chose qui n’ait pas été fait » explique Alban, qui réussit pourtant le tour de force de créer un album instrumental moderne et gracieux contenant douze titres délicats et réussis, plus pop que la sage étiquette de musique classique que l’on pourrait imaginer. Rencontre.

Ça fait combien de temps que tu rêves de cet album « It’s a Long Way to Hapiness » ?

Quasiment 5 ans ! J’ai toujours composé des mélodies au piano et essayé des choses, et j’ai mis du temps à chercher ce qui me correspondait le plus. A partir du moment où j’ai réalisé ce que je voulais faire précisément, j’ai d’abord eu besoin de prendre confiance en moi pour aller au bout du truc… Et puis il y a aussi eu une tournée assez conséquente avec Clara Luciani (qu’Alban accompagne sur scène), mais ça m’a permis de peaufiner ce que je voulais faire, les directions que je souhaitais explorer… Et processus de composition mis à part, il y a eu des étapes forcément incompressibles comme par exemple la signature avec Sony qui nous a obligé à poser un planning de sortie, ce qui a repris un peu de temps.


Dis-nous tout, comment fait-on rentrer le piano dans le XXIème siècle ?

Via la production, en travaillant le son je dirais! J’ai utilisé beaucoup de pianos différents, il y a beaucoup de prises de sons différentes, de plug-ins (banque de son virtuelle) utilisés. Les pièces ont un côté pop via leurs structures et les mélodies ce qui leur donne aussi un côté XXIème siècle. En fait j’ai pensé cet album comme si c’était un groupe qui jouait : d’abord la main gauche, puis la main droite… Et aux niveau des effets comme les reverbes j’ai utilisé des trucs assez modernes, avec une signature sonore vraiment typée, ça participe à cette couleur. D’ailleurs, on me catalogue souvent comme de la musique classique (bien que j’ai plus l’impression de faire de la pop) et si jamais l’album permet à des gens de découvrir un peu cette musique dite « Classique » grâce à moi, ce serait vraiment super.

Tu as construit un home studio dans la maison de ton enfance, c’est quoi LE truc, la pièce de matos ou l’instrument dont tu es le plus fier ?

Oui, j’ai construit ce studio en 2013 avec un ami maçon, et c’est un endroit qui m’inspire beaucoup. Il est assez éloigné de la ville, donc je peux me perdre dans la nature en sortant par exemple… C’est une ambiance très différente et complémentaire de mon studio à Paris.
Mais ce qui me rend le plus fier dans ce studio, c’est d’avoir pu garder le piano de mon enfance, ce n’est peut être pas un « très bon » piano en comparaison d’autres modèles plus luxueux, mais j’ai un lien quasiment sacré avec celui-là : dès que je m’installe derrière, je suis chez moi.

C’est dans ce studio que tu as composé l’album ?

En fait, l’album a été composé entre ces deux studios, car quand je revenais de tournée pour un jour ou deux par exemple c’était plus simple d’aller dans celui de Paris… Donc on va dire moitié moitié !

L’enregistrement s’est déroulé sur une longue période, est-ce que tu as une anecdote en particulier à nous partager ?

Oui, j’ai quand même réussi à casser la plus grosse corde du piano, la plus grave, ce qui est assez rare ! Heureusement qu’il y avait le capot du piano pour protéger mes jambes car c’est quand même plusieurs tonnes de pression ! Sinon, ce n’est pas vraiment une anecdote mais j’ai enregistré tout seul l’intégralité des pièces, ce qui est assez rare. j’ai fait toutes les prises de son moi-même, et j’ai été jusqu’aux pré-mix tout seul. C’était pas vraiment un truc pensé en amont mais ça s’est fait comme ça de manière assez naturelle.

C’est quoi le plus stressant, jouer sur une grosse scène ou sortir son propre album ? 

Clairement sortir son propre album, son propre projet ! Ceci dit actuellement je suis plus dans l’excitation que dans le stress et même en général, je ressens plutôt du bon stress (celui qui motive on va dire) que du mauvais. Mais bon le plus stressant ce sera sans doute de défendre cet album sur scène, à partir de Juin !

Tu peux nous parler de ton éditeur, Taktic Music ? Ca fait longtemps que vous travaillez ensemble ?

Oui, c’est une personne que je connais depuis une dizaine d’année, Jean-Michel Reusser, et avec qui on est devenu ami au fil du temps. On a commencé à travailler ensemble pour de la musique à l’image principalement : documentaires, pubs… Il fait partie des personnes qui m’ont poussées à faire cet album, il soutient le projet depuis le tout début en m’accordant tout le temps dont j’ai eu besoin, il était là quand j’avais besoin d’aide… Donc c’est vraiment quelqu’un d’important dans ma vie.

Selon toi, quel est le meilleur moment pour écouter l’album ?

En faisant l’amour, évidemment ! Blague à part maintenant avec les écouteurs notamment on peut écouter un album dans un grand nombres d’endroits et de situations. Donc c’est surtout moi qui suis curieux que les auditeurs me disent où et quand ils l’écoutent !

Qu’est-ce que tu écoutes en général comme musique ou comme artiste ? Et dans quelle mesure ça t’influence ?

Vaste sujet ! Dans ma vie j’ai beaucoup écouté de rock, des années 60 ou des années 90 principalement. Puis toute la vague alternative des années 2010 : Beach House, Metronomy, Tame Impala, MGMT… Récemment j’ai beaucoup écouté Tyler, the Creator et Frank Ocean, j’écoute beaucoup de trucs différents. J’aime quand il y a un côté pop dans la musique classique et j’apprécie particulièrement les compositeurs dit « impressionnistes » : Debussy, Ravel… J’aime quand il y a une mélodie assez forte dans ce que j’écoute.

Un petit mot sur le tournage du clip de « It’s a Long Way to Hapiness », réalisé en plein Paris ?

Ce clip, c’est une idée à laquelle on avait réfléchi depuis un moment avec « mon » réal, un ami à moi qui bossait notamment sur Action Discrète pour Canal. Il est génial et a 10 000 idées à la seconde, je l’adore ! Je m’entoure de gens qui sont soit déjà des potes, soit qui vont le devenir, j’ai besoin de « sentir » la personne pour y aller. Concernant le clip, j’aime quand il y a plusieurs niveaux de lectures dans un œuvre en général. Donc il y a une idée un peu sociale, voire politique, avec le thème de l’accès à l’art, et le fait que l’on court toujours derrière quelque chose… Mais j’aime aussi l’idée que l’on se demande tout simplement pourquoi cet homme court ? Pour finalement se dire « Ah oui, tout ça pour ça ».

Et pour conclure, ton album s’intitule « It’s a Long Way to Happiness », comment on fait pour savoir quand on est (enfin) arrivé ?

Ah, mais est-ce qu’on le sait ça ? J’ai l’impression que depuis le moment où j’ai fini cet album que j’ai pu faire de la manière que je voulais vraiment, sans pression extérieure, ça a été un peu une forme de méditation, d’introspection voire de psychanalyse ! Je me sens vraiment heureux, (même si c’est cyclique comme souvent dans la vie) car on ne sait jamais ce qui nous attend au coin de la rue, c’est aussi ça l’enjeu et ce qui est intéressant !
A mon avis, c’est surtout important de garder en tête que le bonheur vient de soi avant tout car apprendre à se connaître c’est apprendre à s’aimer, et c’est déjà un premier pas vers aimer les autres !

« It’s a Long Way to Happiness » est disponible sur toutes les plateformes de streaming habituelles.

Crédit photos : James Weston / Bastien Reveco / Lily Gantelmi d’Ille

Thibaud Duquesne

Author Thibaud Duquesne

Rédacteur en chef du magazine KAO Mag

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