Chanje

Encore un talent qui prouve qu’à 20ans, on peut faire partie des grands. Jeune sans être junior, le rappeur Chanje s’affirme dans un premier EP mature et affiné : Pacemaker. 

Si le titre n’évoque pas la jouvance, il n’a pas non plus le goût des crises d’adolescences. À mi-chemin entre récente maturité et recul sur le passé, Chanje y parle de thèmes graves et personnels, dans une ambiance musicale globalement sombre mais légère. 

Entièrement composées par Herman, les productions accompagnent avec justesse les 9 titres de l’opus. Dans le morceau PaceMaker, Chanje aborde ses angoisses la voix tremblante et flottante au dessus de quelques effets électroniques. La partition digitale suit ainsi à bonne distance les autres ambiances de l’album. Dans Vibe, le rappeur lésine sur l’articulation pour illustrer une discussion intérieure que lui seul peut comprendre. Pour Novembre 2017 , le thème est celui d’une rupture amoureuse tandis que West est le résultat d’un égotrip introspectif dont le clip laisse d’ailleurs apparaître le très bon rappeur Sika Deva en figurant.

Le jeune artiste parle alors des fragilités psychologiques et de leurs conséquences sans jamais être impudique :

«J’aimerais inscrire ce sujet dans les mœurs, j’aurais aimé entendre un titre de rap sur ces thèmes en étant plus jeune. Si je peux aider au moins une personne, j’aurais tout gagné” 

Dans Pacemaker, on trouve alors du sens, de la mélodie, de la rythmique, du rap, du texte et du potentiel.

Animé par l’adrénaline collective de Sexion d’Assaut ou 1995, le plan A de Chanje a toujours été de rapper sans s’arrêter. Et pas de plan B. Au début, il rappe pour imiter ceux qui le fascinent, stimulé par un genre qui «casse des bouches », puis il grandit, la scène remplace l’école et devient le terrain primaire d’apprentissage.

En résulte un premier EP envoutant, percutant. Et pour faire les présentations, rien de mieux que le titre Adossé en ouverture d’album, notre petit préféré.