Élodie Gervaise

Au 7e jour du confinement, observer Elodie Gervaise étendue dans l’herbe verdoyante sous un soleil aveuglant tout en mangeant des figues fraîchement cueillies, relève bien plus d’un mirage que d’un clip. Même si l’alternance avec des vidéos tournées dans l’obscurité d’un studio sans fenêtres et avec peu de compagnie, équilibre et l’ancre finalement dans son temps. Celui de l’isolement. 

Elodie Gervaise apparaît effectivement esseulée sur les marches froides d’un escalier collectif mais vide. Derrière le micro d’un studio plongé dans l’obscurité où seulement des silhouettes de musiciens se dessinent. Ou encore allongée dans un jardin fleuri où seul le vent donne vie aux éléments qui l’entourent. Et pourtant le sujet du titre est bien son contraire : les relations, les sentiments d’après, les retrouvailles chargées d’un passif.

Mis en image par l’artiste franco-australienne et le réalisateur Monty O’Brien, la chanson Rust évoque les interactions humaines, physiques, charnelles quand les sentiments s’en sont déjà mêlés auparavant. Avec ses propres mots, Elodie Gervaise parle “du point de connexion entre deux humains qui portent les résidus de leurs relations passées. Avec cette nouvelle connexion, ils en enlèvent la rouille par le contact physique et l’expression du désir. Cette chanson parle de la guérison via la connexion à l’être humain. »

Comme un contre-pied à l’actualité, l’auteure-compositrice-interprète illustre dans son nouveau clip cette seconde rencontre avec des corps en gros plans et en mouvements qui se parcourent avec des mains curieuses. Une ode aux retrouvailles, qui résonne actuellement autrement, mais montre bien que la musique d’Elodie Gervaise est universelle et laisse quiconque s’identifier à son degré. Tout comme l’image, la partition est hypnotisante. Le passage de l’anglais au français avec un doux accent australien renforce la poésie du clip qui nous berce les yeux pourtant ouverts.