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JAWHAR

“Winrah Marah”, le nouvel album de Jawhar.

Comment cette voix si légère et cette musique si délicate peuvent être chargées d’autant d’histoires. C’est l’interrogation qui m’a habitée en écoutant le nouvel album de Jawhar, Winrah Marah, où il semble avoir pressé à la main ses influences éparses pour n’en garder qu’un concentré sans pulpes ni pépins. En résulte une musique mixte et pourtant si pure, où on distingue la folk de Nick Drake, la langue de son pays natal, le chaabi ou encore la pop contemporaine, dans leur forme la plus universelle.

Le chanteur-compositeur originaire de Tunis étend alors ses textes en langue arabe sur quelques notes de guitare et percussions timides, prenant le temps de conter ses récits et faire résonner ses influences. Si, dans mon cas, les paroles ne peuvent être comprises sans les traduire, la mélodie suffit à entendre une intention mordante de traverser les frontières de la culture sans hausser la voix.

Influencé par « un printemps arabe qui se fane et autres évènements heureux contemporains », Jawhar semble ainsi mener une révolution pacifiste où la musique a remplacé les cris. Les premières notes de chaque morceau apaise et nous fait patienter jusqu’aux paroles, comme si un sage s’apprêtait à plaidoyer à sa manière. 

Au delà de la musique, c’est toute une valise artistique qu’on devine derrière les mots réfléchis du chanteur-conteur.

Né d’une mère professeure de littérature arabe éprise de musique et de poésie et d’un père qui se consacre au théâtre puis à la politique culturelle, Jawhar a sans aucun doute la culture comme langue d’origine. Alors qu’il grandit dans la banlieue sud de Tunis, à Radès, il s’en va étudier en France où il enregistre son premier album avant de s’installer en Belgique et de renouer avec le théâtre découvert plus jeune.

De retour en Tunisie, avec le metteur en scène Lotfi Achour et la comédienne et dramaturge Anissa Daoud, ils dévoilent une première création qui vient questionner l’amour et le sexe dans le monde arabe, «Hobb Story», dont il signe la musique. Une deuxième création, qui cette fois questionne la notion de pouvoir dans le monde arabe, voit le jour en 2012 aux Olympiades Culturelles de Londres ; «Macbeth, Leila & Ben – A Bloody History». Il est alors co-auteur, compositeur et comédien. Il collabore aussi avec la chorégraphe et «artiste citoyenne» Nawel Skandrani sur un duo improvisé au lendemain de la révolution tunisienne, puis sur «100% Water», un projet multidisciplinaire écologique. 

En creusant sa biographie, on perçoit alors l’étendue des sujets et supports d’expression de Jawhad, dont la musique n’est qu’un pan de son engagement artistique. Et pourtant, indépendamment de toutes précisions, l’album Winrah Marah est à lui-même une merveille.

À découvrir en live le 11 mars 2020, au FGO Barbara !

Capturne
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Suzon Depraiter

Author Suzon Depraiter

Rédactrice en chef web, Suzon est surtout fan de boules à facettes et de fringues à paillettes.

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