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ILLUSTRE

Avec «Type chelou», le morceau qui nous a donné envie d’en écouter plus sur Illustre, la rappeuse à la non-binarité assumée traite du conflit générationnel sans faux-semblants. Et c’est pas évident à résumer.

Alors que les premières secondes semblaient annoncer une ambiance latino caliente, un peu en retard sur le calendrier mais puisqu’on peut tout reporter en 2020 pourquoi pas l’été finalement, elle s’est vite tournée vers un hip hop très actuel à l’approche des premières paroles.

«J’suis un type che-lou J’suis un type che-lou J’suis un type che-lou» a surgit en autotune sans prévenir, renversant en quelques secondes ma première impression d’influences hispaniques. Attentive à la suite, un sourcil sur deux froncé en guise de preuve d’une intense concentration, un bruit de fond est venu couvrir les premiers mots du couplet. C’était Zaho, toquant aux fenêtres poussiéreuses de ma mémoire adolescente, confirmant qu’effectivement «c’est cheeee-lou». Mais soucieuse de poursuivre cette intrigante session d’écoutes sans invitée surprise, je ne l’ai pas laissé rentrer. Ciao Zaho. Illustre a la prio.

Je suis donc repartie en arrière, au début du titre en fait, afin de ne laisser filer aucune lyric et les laisser défiler à leur rythme. Une impression de positionnement identitaire émerge alors, transparaissant surtout du ton vindicatif de la rappeuse. Mais un questionnement subsiste : de quel côté on est ? Je crois déceler un engagement dont j’ai, au début, du mal à juger le degré. Premier ou second ? 

La réponse est donnée par ces mots «Est-ce qu’en 2050, ils seront tous pédés ?». Cette phrase m’est restée en tête jusqu’au deuxième couplet, comme si c’était celle à retenir qui avait été volontairement mise en exergue : gras, souligné, surligné, italique, police 200.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu ce mot, “pédés”, bien qu’il ne me manquait pas vraiment ni à moi ni à personne j’espère. La phrase a résonné comme un commentaire sans filtre d’un vieux monsieur, s’endormant devant un reportage “L’homophobie c’est un crime contre l’amour” de France 3 Bourgogne-Franche-Comté, s’enfonçant dans un vieux fauteuil usé, par relâchement des muscles fatigués plutôt que par honte.

Ça y est, j’ai compris. Tout ce qu’Illustre dit dans «Type chelou», c’est pas elle qui le dit. Enfin si, mais pas à la base. Illustre y aborde les questions du genre, de l’identité et de la diversité en s’adressant à toute une génération, avec les mots de celles plus anciennes que la sienne qui y ont mit des mots justement, là où nous, on y met des sentiments. L’artiste, qui a sorti son premier album “Ille” le 25 septembre dernier, encourage sa génération à puiser dans ses complexes les plus enfouis, pour devenir, enfin, soi-même. 

Avec « Type chelou », véritable ode à l’émancipation, Illustre tente en rap et en musique de déconstruire les codes prédéfinis pour en créer une vision libre et nouvelle.

Tēo
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Suzon Depraiter

Author Suzon Depraiter

Rédactrice en chef web, Suzon est surtout fan de boules à facettes et de fringues à paillettes.

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