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EP ou album ?

Cela faisait un petit moment que je me demandais pourquoi les artistes sortaient des EPs plutôt que des albums… J’ai d’abord pensé que c’était sûrement dû à un manque d’inspiration de leur part, genre « je n’ai écrit que 4 chansons mais je vais les sortir quand même » ! J’ai donc voulu me plonger dans ce sujet et je vous rassure, les artistes qui sortent des EPs ne sont pas des feignants !

Mais attends, c’est quoi un EP ?

Un EP (acronyme anglais de extended play) est un mini album de quelques titres, un format qui a fait son apparition sous forme de vinyle dans les années 50’. À cette époque, on parle d’ailleurs plus de « Super 45 tours », et il sert surtout pour les promotions ou les jukebox. Il sera de moins en moins commercialisé vers les années 70’ pour laisser place au 45 tours qui eux comprennent deux titres : Une face A et une face B. Avec l’arrivée du « disque  laser » où « compact disque » comprenez le CD, en 1983 pour la France, les 45 tours sont remplacés  progressivement par les CD 2 titres, que l’on nomme aussi singles, et en toute logique les albums qui eux étaient en 33 tours passent au format album CD.

Il y deux raisons principales au choix des artistes pour ce format :

La première de ces raisons est économique : enregistrer une chanson a un coût ! On n’imagine pas comme cela mais de l’enregistrement au pressage,  il y a plusieurs étapes… Même si on peut parfois avoir l’impression que certains artistes en ont oublié au vu du résultat ! Pour une qualité professionnelle, il vaut mieux passer par un studio d’enregistrement, payé généralement à la journée, car oui le temps c’est de l’argent, même dans le milieu de la musique ! Le coût du studio dépend de son équipement et des services proposés. En moyenne, il faut compter au minimum une journée pour enregistrer un titre. Vous voyez où je veux en venir ?  Plus il y a de titres à enregistrer et plus longtemps l’artiste aura besoin du studio, ce qui augmente énormément le coût ! De plus, il n’y a pas que le temps qui coûte de l’argent en studio : il y a aussi l’équipe technique à rémunérer ! Car tout enregistrement nécessite un ingé-son ainsi qu’une personne pour s’occuper du mixage et du mastering (tout cela ne s’improvise pas).

L’artiste Alice et Moi m’explique :

« J’ai commencé des EPs car à l’époque je n’avais aucun partenaire dans le monde de la musique et c’est un format plus léger à la fois économiquement car c’est moi qui produisait tout et même artistiquement, quand on commence en tant qu’artiste je trouve ça intéressant de travailler sur des EPs car on cherche son univers, on rencontre des gens, on apprend aussi en étant sur scène etc ».

Isïa Marie auteure, compositrice et interprète me rejoint dans ses explications :

« C’est plutôt stratégique, on sort un EP, on développe les réseaux , et ensuite l’album… et oui aussi faut aller chercher des thunes mais comme je produis beaucoup moi même, y’a pas une différence financière de dingue ».

La deuxième raison souvent avancée est de permettre la découverte de l’univers de l’artiste assez rapidement. Que se soit pour démarcher les professionnels (maisons de disque, manageurs, producteurs) ou même auprès des futurs auditeurs, cela représente un gros avantage.

Les professionnels reçoivent énormément de projets et il est plus facile pour eux de découvrir un univers restreint. C’est plus pratique d’avoir 3 ou 4 titres bien construits représentant un éventail de ce que peut faire l’artiste, qu’un album complet dont des titres auraient sûrement la même veine que d’autres. Pour l’auditeur, l’avantage est le même : dans notre ère ou tout va vite, il est plus simple de pouvoir se faire une idée de l’artiste via son EP.

C’est un très bon moyen de découvrir son style. Pour les plus anciens rappelez-vous : on aimait bien une chanson, on courait à la Fnac acheter l’album. A notre retour, quelle déception d’entendre que ce single était la seule pépite de l’album de 15 titres !! Aujourd’hui il est vrai qu’avec le streaming,  nous n’avons plus ce genre de problème… Les labels ont d’ailleurs bien compris l’intérêt de sortir un EP pour leurs nouveaux artistes afin de les faire découvrir au plus grand nombre et garantir ainsi le succès de l’album futur.

Eliott JANE auteure  de l’EP « Liberté chérie » me répond  :

« Oui un peu économique, mais après c’est le label qui choisit le format. Il me semble que les artistes commencent bien souvent par un EP avant un disque. Ça permet de prendre le temps d’affiner son univers aussi. C’est une première carte de visite l’étape avant l’album, et le coût de production est moins important, et c’est aussi plus rapide à faire ».

Autre exemple FIVE  rappeur qui avait sorti un album en auto production, a changé de stratégie en signant chez Jo&Co il me dit :

« Je suis reparti de zéro en changeant de nom etc, je prépare un album mais je préférais sortir un EP avant ».

En revanche certains artistes comme Émilie MARSH me confient qu’ayant déjà une certaine notoriété et expérience au travers notamment de scènes qu’ils ont eu l’opportunité de faire, le format EP peut paraître trop restreint. Leur univers étant déjà un peu posé. Pour ces artistes expérimentés, le choix de l’album comme première sortie s’impose de lui-même. De ses propres mots Émilie MARSH dit toutefois que cela ne l’empêchera pas de sortir des EPs, qui sont un format qu’elle affectionne également.

La jeune chanteuse « Miss Machine » ajoute cette très jolie phrase :

« En fait j’aime bien l’idée de voir les EPs comme des petites fenêtres sur des périodes particulières dans l’évolution d’un projet musical ».

En conclusion,

l’EP a encore de beaux jours devant lui, car il est pratique pour toutes  ces raisons.

Son seul inconvénient réside en un sentiment de frustration lié à sa courte durée, ressentie par certains auditeurs. Les vrais amateurs et collectionneurs de disques vont sûrement les voir comme des pièces « collector », quand elles sont en physique. Personnellement je collectionne entre autres les EPs en CD et quand c’est possible en vinyles, je trouve ces pièces toutes aussi intéressantes que des albums, sur lesquels on trouve souvent une version différente des titres déjà sortis.
Crédit photo : Paul Clichy Photography – Benoit Kalka – Julie Oona

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