Jacques
Après quelques années exilé au Maroc, Jacques revient avec un nouvel album de 13 titres sorti ce 11 février. Moins électro et plus pop, il nous plonge pendant 37 minutes dans son étonnant univers.
Jacques, c’est tout un personnage : une tonsure, une voix tranquille, mi nonchalante-mi amusée et des réflexions profondes un peu perchées. Mais surtout c’est un artiste à la musique d’une rafraîchissante sincérité, aux textes d’une apparente simplicité mais sûrement plus complexes qu’il n’y parait.
L’homme qui faisait de la musique avec des objets insolites
Jeune trentenaire Strasbourgeois, il se fait connaître notamment en composant de la musique à partir d’objets du quotidien de type vélo, briquet, feuille de papier… (parce que pourquoi faire simple ?) Tel Gaston et son « Gaffophone », il explore la diversité des sons avec son « Phonochose » et questionne ainsi la différence entre musique et bruit, beauté et mocheté, normalité et marginalité. En 2015 il sort un premier EP « Tout est magnifique ». Un an plus tard, il compose « Dans la radio », une chanson qu’il interprète en 7 langues dont l’espéranto. En interview il déclare humblement : « Je trouve qu’aujourd’hui mon projet c’est un peu léger, c’est un peu le gars avec la coupe chelou qui fait de la musique avec des bruits bizarre. » Pourtant il ne peut se réduire à ça.
Le 18 décembre 2018, soir de ses 27 ans, son studio est cambriolé et il perd tout son matériel. Il prend ça comme un signe, met fin à sa tournée en cours et part vivre à Taghazout dans une maison au Maroc. Proche de chez sa grand-mère qui y est déjà installée, il va pouvoir prendre du recul et du temps loin des réseaux.
Poésie surréaliste et pop existentielle
Après avoir passé plusieurs années à utiliser des objets non destinés à la musique, il se décide cette fois-ci à réaliser tout un album de façon plus conventionnelle (parce que des instruments de musique, t’sais, c’est pratique aussi quand même parfois). Il revient alors cette année avec un nouvel album moins électro et plus pop. Moins électro car précédemment c’était surtout beaucoup de boucles planantes de plic et de dzioung rythmiques, accompagnées de synthés et peu de texte. Plus pop car là, il s’autorise à chanter des mélodies efficaces.
Il ne perd pas pour autant son goût pour l’amusement. A grand renfort de jeux de mots, d’allitérations et d’assonances, il sait faire sonner ses mots sans failles. Dans cet album bien construit et cohérent, Jacques réussi en toute simplicité à mettre en avant le beau du quotidien. Dans « La vie de tous les jours » c’est comme un constat post confinement, ancré dans l’instant présent. Un clip spécial est d’ailleurs réalisé avec des extraits de vidéos reçues de ses fans montrant leur quotidien. Il fait aussi souvent référence à l’univers et à la relativité des choses notamment dans « Avec les mots » ou « Kick ce soit ».
Au final, à travers cet album Jacques semble vouloir nous transmettre un message plutôt essentiel exprimé dans « Rien », le dernier titre de l’album : « Je suis devenu quelqu’un depuis que j’ai capté qu’au fond je ne suis rien. Rien c’est déjà bien. »
Crédit photo : Alice Moitié