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LONNY

Chez KAO, on a clôturé l’année 2021 avec une belle découverte : Lonny. Nouvelle pépite folk de la scène française, elle nous parle de son premier album “Ex Voto” réalisé à Montréal par le canadien Jesse Mack Cormack. Rencontre.

Est-ce que tu pourrais définir ton projet en 3 mots ?
Je dirais que c’est « brut », parce que ce qui m’intéresse c’est de prendre les instants tels qu’ils sont. J’aime bien prendre ce pari de dire que la musique sort comme elle est, un peu avec l’humeur du jour. J’essaie de pas trop sophistiquer les choses. Et en même temps j’ai besoin de rêver donc le 2ème mot serait « planant ». Je me sers du brut et puis après j’ajoute le bordel qui à dans ma tête, moi je plane beaucoup (rires), du coup ça se mélange avec le rêve, et l’abstrait.
Et en dernier mot je dirais « acoustique »,  parce que j’ai cet amour des instruments qui est vraiment très fort. Ce qui m’intéresse c’est d’enregistrer des instruments et de ne jamais programmer, je l’ai fait une fois sur le disque juste sur un morceau mais parce qu’il y avait une très très bonne raison. Et je le fais un petit peu live avec des boîtes à rythme mais sinon ma philosophie c’est que chaque notes soit jouée par un humain.

J’ai l’impression qu’il y a beaucoup d’émotions derrière Lonny. Par quel déclic sentimental tu composes ?
Ooh bah généralement c’est quand ça déborde, c’est parce que je ne peux plus contenir, c’est pas tant un choix. Depuis que je suis petite, la musique est mon vecteur d’existence. C’est viscéral, c’est là depuis tout le temps. Il y avait un truc tellement clair avec la musique, d’ailleurs j’ai eu de la chance de trouver ça vite. Mais sinon je crois aussi que la beauté console beaucoup, elle a beaucoup de sens et de guérison dans mes chagrins. Donc j’ai voulu m’entourer de belles choses. Je crois qu’il y a un besoin de sublimer ses émotions, surtout celles qui sont négatives.

Et le choix des instruments guitare, violon alto ? Comment ça t’es venu ?
A la base je voulais faire du violoncelle à 6 ans, j’ai trouvé cet instrument magnifique. Ma mère avait peur que je porte un énorme instrument donc elle m’a proposé de faire de l’alto. J’ai choisi le violon alto et je l’ai adopté très vite. Il y a un lyrisme et une possibilité de dynamique, de jouer très petit ou très fort. C’est un peu un instrument fou, ça me plaisait vachement. Et puis t’as le droit d’être un peu plus grossier avec un alto même si ça demande quand même de la précisions, mais tu peux vite avoir un sons vibrant et galvanisant. Je m’étais dis au départ que j’allais être altiste. Et la guitare c’est parce que je n’ai pas trouvé une façon de m’accompagner aux cordes… Andrew Bird le fait vachement bien, y’a pas mal d’artistes qui s’accompagnent avec des loops, j’ai rien contre eux mais je trouve ça un peu cliché. Et donc j’ai pris un truc encore plus cliché (rires)  : la guitare !

C’est quoi ta folk ? Comment tu la décrirais ?
Je la décrirais comme une folk de quelqu’un qui accepte de ne pas être né au pays de la folk.
Y’a eu un moment où j’ai compris que quoi que je fasse, je ne serais jamais née à Nashville Tennessee, j’aurais tellement aimé être Joni Mitchell, et un jour je me suis pardonné de ne pas l’être. Quand je dis folk ça résonne comme quelque chose de brut qui accepte ce qui est.

J’ai lu que tu étais influencé par les saisons, on est en hiver à quoi ça ressemble un morceau en hiver ?
Ohlala mais tous mes morceaux sont hivernaux pour moi. Pour moi la musique c’est un peu l’hiver. Après c’est parce que la musique que j’écoute est douce et réconfortante, elle a un côté protecteur. Le morceau typique c’est « Old friends » de Simon & Garfunkel, tout l’album est un hiver en noir et blanc, je peux le mettre sur une platine avec une bougie, je vis ma meilleure vie. J’adore cette saison pour moi c’est celle de l’écriture, cette saison m’influence beaucoup. De l’autre côté je fais des vraies dépressions estivales, je déteste l’été. Quand l’été arrive je me renferme. J’écoute de la musique de façon assez statique. Sans vraiment danser, c’est très introspectif.

Tu peux nous en dire un peu plus un peu plus sur cet album ?
Il a un an de retard, grâce et à cause du Covid. Je dis “grâce” car avec tout ce retard ça m’a forcé à ne pas lâcher ce disque. Je dis aussi “parce que” sinon je serais vite passée à autre chose, et là je me suis dit qu’il fallait que je reste avec mes chansons. Ça m’a permis de les analyser, d’avoir d’autres lectures, j’ai pas la même lecture qu’il y a 2 ans : il y a des morceaux qui ont été composés en 2018. Je crois que j’aime de plus en plus cet album, j’ai appris à le dorloter, à le cajoler et à lui dire « T’inquiète pas, tu va sortir, personne ne va t’oublier ». De toute façon je l’ai fait avec sincérité, pour moi c’est ça la modernité. J’essaie de lui envoyer le plus d’amour possible. Avant j’avais fais 2 EP en anglais, et puis y’a eu ce moment où j’ai voulu chanter en français et c’était un moment de vérité où je me suis dis « Allez tu n’es pas Joni Mitchell, fais ce qui te ressemble »  Et après j’ai eu cette proposition incroyable de faire un disque avec 3 labels derrière, en grande partie à Montréal. Au début c’était très fort, super flippant, tous les chefs d’œuvres que je connais sont souvent des premiers albums.
J’ai eu une super conversation avec une personne qui s’appelle Sophie Bellet, je la vois une fois par an mais elle me dit toujours un truc dont je vais me souvenir le restant de ma vie. Et je l’ai vu au moment où j’avais peur de m’y mettre et elle m’a dit « Personne ne te demande de faire un chef d’œuvre, on te demande de te présenter, d’être ce que tu es et de montrer une première version de toi ». Pour moi cet album, c’est comme un premier pas un peu timide dans la neige. En plus, les versions je les ai chanté pour la première fois en studio, très peu en live, donc c’est un peu timide, un peu clinique. C’est comme si c’était des petit prototypes, après en live je brode plus.

Comment s’est passé le changement de ton écriture, de l’anglais vers le français ?
C’était pas facile au début, j’étais limite à me rouler en boule contre le sol. C’est compliqué de trouver le mot juste en français car il faut mettre autant de sens que de forme. La première étape c’était de me lettrer un peu plus. J’ai lu des trucs un peu chelou comme André Gide, Alain Pons… J’ai écouté des gens comme Bertrand Belin qui a été un phare dans la tempête. Je me suis fait aider aussi, comme avec Baptiste Hamon, je l’ai accompagné sur scène, on est très amis, il m’a donné pas mal de tips. J’ai essayé jusqu’à ce que ça me semble joli à l’oreille.

Si tes morceaux devaient être une BO ?
Un film qui m’inspire beaucoup, c’est Fargo des frères Cohen. C’est un film qui m’a marqué. Ou Twin Peaks…

T’as passé un moment au Canada, c’est quoi la meilleure chose là-bas ?
C’est les gens.

J’ai vu que tu étais pas mal inspirée par la musique des 70’s, c’est quoi le meilleur morceau des 70’s ?
Je pense que c’est “Avalanche” de Leonard Cohen, c’est une masterpiece.

Le feat de tes rêves ?
Neil Young

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter ?
Que le monde s’aligne. Que les gens essaient de se mettre un peu droit, à commencer par moi ! (Rires)

Crédits photos : Frédérique Bérubé – Manon Ricupero – Shanti Masud

Laura Naval

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