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Marie-Gold

« Il faut être courageux pour faire de l’art » et c’est exactement ce que fait la talentueuse rappeuse canadienne Marie-Gold. Déterminée, elle réalise un album concept « Bienvenue à Baveuse city » avec des textes puissants sous une plume acérée. Passionnée par l’écriture et les sciences, elle mène de front ses études en génie physique et ses projets rap. 

Son univers absurde et coloré possède aussi des facettes très « dark » qu’elle dévoile dans son vidéo clip, La presse (Baby girl), sorti le 12 avril. Dans celui-ci, on découvre Catherine Brunet, connue pour ses rôles dans les films de Xavier Nolan.

 

  • Comment t’es venue l’idée d’écrire un album concept « Bienvenue à Baveuse City » avec 17 thèmes forts autour de l’égalité, la parité, l’environnement et bien d’autres ? 

Ça a commencé par le titre de l’album : Bienvenue à Baveuse City. Je me suis dit  » je vais faire un album concept où chaque chanson sera comme une ville ». J’ai juste fait énormément de chansons et à chaque fois, il y avait des titres faits pour des lieux. Il y a eu un gros travail de recherche et je voulais que ce soit des thèmes variés et pas juste de l’egotrip. Je voulais que ça soit riche, que ça parle d’amour, de parité, d’environnement et de politique.

Mon but, c’est aussi de faire des chansons qui se dansent et qui s’écoutent avec une grosse énergie. 

  • Combien de temps ça t’a pris de finaliser un album aussi complexe avec une volonté de cohérence et une recherche dans le style ?

Un an et demi à partir de l’idée qui a germée. C’est tellement important pour moi que les textes soient solides. Puis, j’aime vraiment écrire avec des contraintes. Quand il y a une thématique comme dans le titre Montagne russe, je vais chercher des jeux de mots avec « fêtes foraines » ou « haut et bas ».   

  • Depuis combien de temps tu rappes et pourquoi ce genre musical ? 

J’ai commencé dans un groupe qui s’appelait Bad Nylon. On était cinq filles, on rappait mais on était plus dans l’expérimental. C’était vraiment cool – mais c’était il y a huit ans. Puis, là, il y a quatre ans, je me suis lancée en solo et j’ai commencé à avoir un agent, un booker et un producteur. Dès que j’ai annoncé mon projet solo, une personne est venue directement me recruter. Au début, j’étais hésitante. Je trouvais ça louche mais il a gagné ma confiance au fur et à mesure. 

  • Est-ce que c’est important pour toi, que les personnes qui t’entourent soient dans le même mood, la même énergie que toi ?

Oui, c’est important ! Parce que j’ai vécu le contraire. J’étais avec des gens que j’aimais personnellement comme humains mais artistiquement et en matière de vision, c’était incompatible. J’ai fait Bienvenue à Baveuse city parce que mes premiers projets étaient trop sérieux. J’essayais de répondre à des attentes et je faisais des compromis. Mais là, j’ai décidé de m’éclater. Je suis là pour prendre du plaisir. C’est pour ça que j’ai fait cet album, je ne suis pas là pour me faire c****.

  • Tu as fait de nombreux battles de rap au Québec avant de sortir ton premier EP Goal : une mélodie. As-tu fait des rencontres qui t’ont marquées pendant les battles ? 

J’ai fait deux battles de rap puis ce n’était plus vraiment l’âge d’or des Word Up. J’ai été invitée environ quatre ans aprè, il y avait vraiment des MC que j’adore. En bons battles de rap qui circulent encore, il y a Jam vs Nekfeu et Alpha Wann. C’était tellement un bon battle ! 

  • Et dans les rappeurs et rappeuses actuelles canadien•nes ou français•es, as-tu des univers que tu adores ? 

Au Québec, j’aime énormément ce que la rappeuse Calamine fait. Sarahmée, j’adore aussi car son style de rap est super dansant. Rowjay aussi, il fait beaucoup de projets avec Freakey! et il a vraiment un univers délirant mais sérieux. Mais le style que j’aime de base, c’est un style « éclaté, délirant et sérieux » mais, il n’y en a pas tant que ça au Québec. En France, il y en a beaucoup plus. Vous avez Lorenzo, Vald, Laylow, Shay, rappeuse que j’adore et Leys. C’est une vibe que j’adore. J’écoutais beaucoup de rap européen sur la dernière année parce que ça me parlait plus. 

Marie-Gold
  • Est-ce qu’il faut être courageuse aujourd’hui pour s’imposer en tant que femme qui rap ? 

Il faut être courageux pour faire de l’art tout court et s’exposer comme entrepreneur. Mais être une femme, ça vient avec d’autres défis, il faut savoir bien s’entourer. Moi, j’ai tellement de femmes qui me supportent et ça fait tellement une différence. Il faut avoir le dos large. Il y a tellement de réactions sur les réseaux et une forme de sexisme systémique, non avouée. Des personnes ne se disent pas sexistes mais ne travaillent qu’avec des hommes. Il y a peu de propos verbaux sexistes autour de moi, c’est surtout des comportements. J’ai toujours l’impression que je dois sans cesse prouver ce que je vaux. C’est cool en un sens parce que ça met un challenge, une énergie. Mais par exemple, même si j’ai fait un bon freestyle, je me dis direct : « il faut que j’en fasse un autre ». Je ne m’arrête pas de kicker.

  • Certains de tes clips voire la plupart sont décalés. Est-ce qu’on peut dire que ce côté « caricatural » que tu affiches dans C’est qui le boss?,  c’est ta marque de fabrique ?

Je suis trop contente que tu aies compris la caricature. Je ne suis pas en train de dire : « c’est moi le boss », au contraire, je me moque de la figure du boss. C’est de l’absurde. C’est la manière dont je trouve ma place en tant que femme qui rappe. Je veux juste que mon style soit original car ça fait avancer le processus d’avoir des modèles féminins variés.

  • Tu es rappeuse certes, mais tu es aussi étudiante en génie physique. Ce n’est pas très fréquent, alors, comment tu fais pour concilier tes études et ta passion pour le rap ? Pourquoi c’était important, pour toi, de continuer tes études ? 

Souvent dans le rap, ça peut être mal vu d’être en études. Puis, je comprends, parce que c’est un privilège de pouvoir aller à l’école. Moi, je suis formatée pour le système académique. Je réponds à leur attente et j’ai la chance de le faire. Si, c’est autant important pour moi, c’est parce que j’aime bien terminer ce que je commence. C’est ma mentalité. Puis, j’adore les sciences. Même si, on, m’a souvent dit qu’il fallait que je choisisse et que je ne peux pas faire les deux en même temps. Au début, ça me complexait, le doute me ralentissait. Maintenant « fuck it », je fais les deux « that’s it ». 

  • Lors de ton passage à Paris, tu a dévoilé ton vidéo clip « La presse (Baby girl) qui évoque la médiatisation d’une jeune artiste. Pourquoi avoir choisi de défendre ce titre ? 

Je trouve que musicalement, c’est un des titres les plus forts de l’album. C’est un de mes textes les plus solides, et un de mes meilleurs flows. J’ai beaucoup de chansons qui sont censurées mais dans celle-là, il n’y a pas de jurons. Elle se danse bien et j’aime la musicalité. Puis, j’ai aussi réalisé le clip. J’avais une idée précise en tête. Tout le reste de l’album a un côté « ludique » et « enfantin » et ce clip montre un côté plus lugubre de « Baveuse city ». À première vue, l’album a l’air d’un projet très « drôle » et « absurde ». Mais, c’est très nuancé, il y a des côtés très « dark ». 

  • Tu as écrit un titre puissant qui s’intitule « Déconnectée » dans lequel tu parles de la place des réseaux sociaux dans nos vies et des réalités virtuelles. Quel est ton rapport aux réseaux sociaux Marie-Gold ? 

Je n’ai pas internet chez moi à 90% du temps. Je n’ai pas Instagram. Je pense que ça me permet vraiment de faire ce que j’ai envie de faire parce que je ne suis pas toujours exposée aux autres. Ça me permet aussi de méditer. Quand je suis dans ma bulle, je suis plus concentrée. Je suis surtout moins réactive aux commentaires sur Internet. Quand je suis chez moi, les autres sont ailleurs. Je trouve ça plus sain. Je comprends le stress monstre que ça doit être d’être 24/7 sur les réseaux. Puis ta relation aux autres doit être formatée. 

  • Tu arbores fièrement un style très féminin, d’abord sur la pochette de ton album puis dans tes clips. Est-ce un choix personnel ? 

J’avais vraiment envie d’assumer ma féminité et comment je la considère. Aux États-Unis, il y a une très grande émancipation par rapport à ça chez les rappeuses. Elles sont méga-féminines puis j’adore ça ! Pour moi, c’est un privilège de pouvoir arriver en « jupe » et « en petite camisole » puis de pouvoir me maquiller. Je me dis que si je veux être un modèle pour certaines jeunes femmes, je trouve ça cool de leur dire que c’est permis aussi. 

  • Qu’est-ce que je peux te souhaiter de bon pour la suite ? 

Terminer mes études, puis des spectacles et de toujours garder une bonne énergie. 

Crédit photos: Geneviève Charbonneau & Coralie Daigneault 

Audrey Makiesse

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