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Not even lying

Dans son dernier clip «I (You) Did Nothing», Ralph Beaubrun titille nos sens tant ils sont exacerbés à la vue de ces magnifiques tableaux. Réalisé par Ugo Ciulla, il oscille entre un décor drapé et la peinture, fil conducteur du clip, vient illuminer le décor. Rencontre avec Ralph Beaubrun, auteur-compositeur-interprète et chorégraphe de renom, qui cumulent ses passions et inspirations à l’image.

Ton dernier clip « I (You) Did Nothing » dévoilé en juin est un extrait de « Vox » ton second EP. Pourquoi avoir choisi une thématique autour de l’amour passionnel et la destruction de cet amour ?

Cette chanson est basée sur l’histoire de mon petit frère. Puis, j’ai remarqué dans mon entourage que les gens qui s’aimaient trop finissaient par se détruire. Alors que je me suis dit pourquoi ne pas parler de cette thématique. Il y a aussi la chanson Ex-factor de Lauryn Hill qui a été une grande source d’inspiration pour moi.

Comment te vient l’inspiration ? Est-ce que tes musiques sont toujours tirées d’expériences vécues ?

Pour donner un exemple, ma musique « Ça défonce » est une sorte d’auto-motivation pour les personnes qui ne croyaient pas en moi. Ce n’est pas une musique pour les haters mais c’est une chanson où je me parle à moi-même car je n’ai pas toujours confiance en moi et en ce que je fais. C’est lié à mon côté perfectionniste.

Est-ce que certaines inspirations sont liées à tes origines haïtiennes ?

Bien-sûr, mes inspirations musicales me viennent de mes racines haïtiennes. Dès l’âge de 15-16 ans, j’ai fait des tournées avec le groupe familial Bokman Eksperyans dirigé par mon demi-frère. C’est un groupe politique très connu en Haïti qui a révolutionné la musique haïtienne. C’est un mélange de racines africaines, de chants rituels vaudous mais modernisés. C’est un groupe qui est devenu très populaire et qui s’est exporté jusqu’aux États-Unis. J’aime aussi beaucoup la « pop » et le côté « catchy », des mélodies accrocheuses. Enfin, à côté d’Haïti, il y a la Jamaïque qui est aussi une source d’inspiration musicale.

Tes clips comportent une très grande dimension esthétique, avec des magnifiques tableaux au sens propre comme au sens figuré notamment I (You) Did Nothing. Pourquoi cette importance pour le beau ?

Dès le départ, j’ai eu conscience que les musiques que j’avais en tête étaient très populaires. Ce sont des musiques dansantes et c’est hyper facile de faire des clips en adéquation, au bord de la plage ou en boîte de nuit. J’ai donc voulu absolument prendre le contrepied de ça en travaillant l’image car je savais que je n’allais pas rester dans ce créneau et que j’allais évoluer musicalement. Mon but est de redonner à la chanson populaire un cross over.

Par exemple Kaytranada est l’une de mes plus grandes inspirations car il arrive à mélanger de racines africaines avec de l’électro. Ça donne tout ce que j’aime ! De la pop et du tribal.

Dans ton clip I (You) Did Nothing il y a des références artistiques, je pense à Rodin, Magritte. La peinture est même présente sous forme de matière. Quelle est l’influence de l’art pictural sur ta création artistique musicale ? Quel rapport tu entretiens avec l’art ?

Même si elle vient après la musique, l’image a une importance capitale pour moi dans mes projets. Pour ce clip, je voulais absolument de la peinture sur mon corps car j’avais vu une vidéo Instagram de Stessy EMELIE (une des DA de ce clip) avec de la peinture et j’avais trouvé ça juste extraordinaire. J’ai donc fait appel à elle pour orchestrer toute cette partie ‘reveal’ de la peinture qui devait se faire en one shot.

Sinon, de manière générale, dès que j’ai du temps, avec l’une de mes meilleures amies, on se fait des musées, car on adore ça. Les musées c’est très inspirant pour moi. Et là, pour ce clip, ça faisait sens de mettre des tableaux (connus ou pas) en image. Alice Lairy, l’une des DA de ce clip, a totalement compris ma vision. Elle a pu préparer en amont nos Moodboards/références « Les deux amants » de Magritte, « Loving Care » de Janine Antoni et « Anthropométrie » de Yves Klein.

Pour Rodin, « Le Penseur » c’était une idée de moi, je trouvais ça cool de commencer ainsi le clip, car la chanson parle d’amour passionnel de deux personnes qui sont sur le point de se séparer … Et bien entendu le réalisateur Ugo Ciulla, avec qui je travaille depuis un moment maintenant, a su mener plus loin, avec brio, toutes ces idées. C’était vraiment un beau travail d’équipe.

Si tu devais définir ta création artistique et musicale en un mot qu’est-ce que tu dirais ?

Je la définirai par le mot « risque ». J’en prends au niveau de mon image mais c’est plus difficile pour moi de prendre des risques musicalement. Je n’ai pas encore trouvé la bonne personne avec qui travailler. Par exemple, la chanteuse Rosalia c’est tout ce que j’aime car elle prend des risques.

Tu travailles avec l’un des meilleurs beatamakers français : Trackstorm qui a travaillé avec des artistes comme Aya Nakamura et Fally Ipupa notamment. Quelles sont les autres personnes qui t’accompagnent dans ta création littéraire ?

Nicolas Huchard, danseur et chorégraphe, Alice Laury, directrice et designer graphique chez Yves Saint-Laurent. Elle m’aide à travailler mon image et a créé mon Mood Board. Il y a également Stessy Emilie, directrice artistique qui m’aide à aller fouiller au plus profonds de moi dans des endroits inexplorés.

Par exemple, dans « I (You) Did Nothing, elle m’a aidé sur l’expression du cri mais aussi sur les doigts dans la bouche qui représente la révulsion. J’aime que les gens autour de moi comprennent ma vision et me tirent un peu plus loin. Ils m’aident sur des choses que je n’ose pas tester. D’ailleurs, j’annonce officiellement que Stéphanie M’bra et Alice Lairy sont désormais mes manageuses car les deux se complètent et comprennent ma vision.

 

Tu es sans aucun doute un musicien mais tu as aussi été danseur choriste pour Tal, Stromae, Julien Doré et Dadju. Quelle place à la danse aujourd’hui dans ta propre création artistique ?

Bizarrement, dès le début de ma carrière de chanteur, j’ai fait le choix de laisser la danse de côté. Le public français a du mal avec la multiplicité des compétences. Je ne voulais pas qu’il pense que je suis un danseur qui chante mais bel et bien un vrai chanteur. J’ai d’abord voulu faire mes preuves. Mais dans mes projets futurs, j’ai l’intention de remettre de la danse et de travailler avec d’autres chorégraphes. Je veux prendre des risques et faire des choses que je ne sais pas faire. Par exemple, j’ai beaucoup de difficulté avec la danse afro mais j’aimerais bien apprendre.

Pourquoi avoir décidé de te lancer en solo ?

C’est en plein confinement, j’ai voulu exister en tant que chanteur. J’ai travaillé sur des chansons avec Tal, composées pour elle mais elle ne les a pas acceptées. Puis, je me suis rendu compte que ces musiques qu’on a composées ensemble me correspondaient aussi. J’ai donc repris cette base et je l’ai retravaillé.

Tu es aujourd’hui diplômé d’un master après 5 ans dans l’ingénierie mathématique en France ? Pourquoi avoir fait le choix de poursuivre tes études malgré ta passion dévorante pour la musique ?

J’ai terminé mes études, validé mon diplôme et j’ai poussé la chose plus loin puisque j’ai travaillé pour avoir de l’expérience. Ma mère s’est endettée pour que je fasse des études, il était hors de question de les arrêter. J’ai travaillé 4 ans puis, j’ai arrêté et ça fait maintenant 10 ans que je fais de la danse qui est ma principale source de revenus. Qui l’eût cru ? Ma mère m’a fait remarquer qu’à 5 ans je commençais déjà à danser et aujourd’hui je vis de ma passion.

Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?

Un maximum de personnes qui découvrent le projet. Plus de scène et de festivals et beaucoup de première partie.

 

Photos : © Alice Lairy

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Audrey Makiesse

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