Terrenoire

Le communiqué de presse nous avait prévenu. Et on confirme. On ne sort pas indemne de l’écoute du premier album de Terrenoire, “Les forces contraires”.

Tout a commencé avec la sortie de l’album. Sur la ligne de départ, des mots qui posent un décor d’optimisme pessimiste, ou de pessimisme optimiste, perdu entre une notion brumeuse de clair-obscur : “Donne moi le temps, un peu de temps Le temps de revenir à la vie”. Le thème de la vie donne alors le top départ de l’opus, mais avec la résurrection vient la mort, l’attente, la temporalité, la force mentale et la forme impérative. Presque sans coupure, s’enchaînent alors 10 titres dont on peut emprunter les paroles du dernier pour résumer, avec justesse, la situation : “C’est à la fois horrible et joli”. C’est à peu près ce qu’on ressent à l’écoute de l’album, bien que joli mériterait un surclassement dans la gamme des sublime, splendide, magnifique.

Entre le titre de départ et d’arrivée, “Le temps de revenir à la vie” et “Là où elle est”, on y parle d’amour, de passion, d’intimité. Mais toujours sur fond de drame. Et si au bout du tunnel, il y a la lumière, il faudra traverser les ténèbres avant de l’atteindre, et l’éteindre.

L’album suffit alors à semer le trouble et nous faire chercher le mot exact qui convient à ce qu’on ressent. Mais à moins d’ajouter librement deux contraires à l’aide d’un petit tiret, clair-obscur, lumineux-ténébreux, l’exercice peut s’avérer complexe.

Et encore, ça c’était avant de tomber sur la live session “Derrière le soleil”. Tournée par la Blogothèque, elle réunit Raphaël et Théo Herrerias, les deux frères qui composent Terrenoire. Et personne d’autres. Juste eux deux, marchant au milieu d’un gymnase vide à l’écho immersif, clamant leur titre qu’on devine rapidement tiré d’un drame familial. À peine a t-on le temps de s’engouffrer dans leur voix réconfortantes que le refrain devient un cri plus qu’un chant. Subitement, et finalement on le savait, la musique prend une importance vitale. Ça prend aux tripes, au coeur et aux poumons en même temps. 4m27 aussi intenses et bouleversantes que les 34 minutes de l’album “Les forces contraires”.

Live session ou album, deux moyens de découvrir Terrenoire, mais aucun sans conséquences.