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INTERVIEW

Il y a quelques semaines KAO est parti à la rencontre de TOMA, auteur-compositeur-interprète à la voix singulière ayant collaboré avec différents artistes comme Dragon Davy, Dosseh, Enrico Macias ou encore Kery James au cours de sa carrière. Touchant par son honnêteté et sa sensibilité il nous a parlé de tout, de son rapport à la guitare et au monde d’aujourd’hui en passant par son projet. Rencontre avec cet artiste fier de sa sensibilité, en toute tranquillité.

Comment te décrirais-tu à une personne qui te découvre ?
Je dirais que je suis un mec foncièrement gentil, que je fais de la musique à teneur forte en émotion depuis toujours. Je suis quelqu’un d’assez sensible. J’aime les animaux et je suis un père de famille.

Etre hypersensible, force ou faiblesse ?
Force à 1000%. A partir du moment où tu acceptes qui tu es dans la vie, tu peux t’en servir de manière positive ! Pour moi, l’hypersensibilité c’est un compagnon dont j’ai appris à me servir.

Tu as assuré pas mal de premières parties prestigieuses (Johnny Hallyday, Oxmo Puccino, Joey Starr, Diam’s, Florent Pagny…). Laquelle t’a le plus marqué ? Une anecdote à nous partager ?
Y’en à plein, mais je vais t’en sortir une qui est cool. C’était un soir avec Florent Pagny, il m’attendait en bas de la scène. C’est rare pour un artiste d’attendre ses premières parties ! Il m’attendait avec une boisson chaude et il m’a dit « Pour chanter comme ça il faut que tu prennes soin de toi » et il m’a mis une petit couverture chaude sur les épaules…

Que penses-tu de la scène Hip Hop/Urbain actuelle ?
Je suis un peu trop vieux pour donner mon avis : moi je viens d’un rap qui avait une portée plus sociale, qui parlait des pauvres. Aujourd’hui j’ai l’impression que tous les rappeurs sont riches et qu’ils ne jurent que par des marques de luxe que leurs mères ne pourront jamais se payer. Je trouve que le rap français aujourd’hui est très uniforme, et que tout le monde ne jure que par les streams et par les vues. C’est quelque chose qui ne me parlera jamais. Je crois que la plus grande douille qu’on ai pu faire aux jeunes c’est de leur faire croire qu’ils n’ont rien s’ils n’ont pas d’argent… Et pourtant, c’est faux, je connais plein de gens qui ont plein d’argent et qui sont très malheureux dans leur vie.

Tu penses qu’aujourd’hui le Hip Hop est assez mature pour aborder tous les sujets où il y a encore certains tabous ?
Je connais certains rappeurs qui sont hyper gentils et qui une fois qu’ils doivent streamer se mettent à dire des horreurs. Pour des streams, ça sort les gilets par-balles et les kalach’, sauf qu’il y’a des jeunes dans la rue qui ont vraiment des kalach’ et qui se foutent des coups de marteaux dans la tête !

La maturité du Hip-hop n’est plus à valider, c’est une musique qui existe depuis trop longtemps. Le Hip-hop c’est un mouvement. Le rap c’est une musique qui évolue, parce que c’est un courant musical. Pour moi, connaître uniquement le rap qui se fait depuis 4 ans et n’en avoir rien à foutre des racines, c’est pas un truc qui me fait kiffer.

Je vais souvent aux Etats-Unis, tu sens qu’il y a vraiment eu une transmission du flambeau chez eux. A l’inverse j’ai l’impression qu’en France le Rap est contrôlé par des gens qui n’ont rien à voir avec le rap. Tant qu’on restera contrôlés par des mecs comme Bolloré on fera pas vraiment notre truc… Le rap c’est la rue, la rue c’est le peuple et je pense pas que le peuple soit a fond dans le luxe. Heureusement qu’on a des femmes artistes ! Et que certains rappeurs ne prennent pas part à tout ça. Je salue tous les gens qui mènent un combat, le reste ne m’intéresse pas.

C’est quoi être un artiste engagé en 2021 ?
Y’a plein de manières d’être engagé. On est pas obligé d’être hyper excessif ou d’être pro quelque chose… Mais par contre quand on en a rien à foutre de tout, y compris de l’influence qu’on peut avoir et qu’on s’occupe juste de son succès, je trouve pas ça terrible… pour être gentil !
Je pense que c’est important d’être conscient que l’on fait quelque chose pour les gens, quel que soit le type de divertissements que l’on fait.

Tu vois quand on te vends une bouteille d’alcool c’est marqué « à consommer avec modération » bah quand on dit que « toutes les meufs sont des tchoins  » faudrait marquer en dessous « ce n’est qu’une fiction »


« La maturité du Hip-hop n’est plus à valider, c’est une musique qui existe depuis trop longtemps. »

 

Ces dernières années ont été riches en mouvements sociaux, comment tu perçois l’évolution de la société actuellement, plutôt positivement ou ça change pas assez vite et on est encore dans de vieux schémas ?
Je trouve qu’il y’a un éveil qui est conséquent. L’information circule vite, elle n’est pas filtrée… ça je trouve que c’est positif. Après j’ai l’impression qu’on est tellement sollicité pour des causes qu’on a l’impression d’avoir fait notre devoir quand on a fait une petite story. Je salue tous les gens qui sont descendus dans la rue, ceux qui font des films ou de la musique et qui reversent une partie à des œuvres caritatives. J’ai l’impression qu’il y’a les deux, une partie de la société qui essaie de savoir ou elle va, qui exprime ce que tout le monde pense tout bas et une autre partie de la société qui est en pleine chute avec tout ce qu’on vient de se manger dans la gueule depuis plusieurs années.

Comment tu as vécu cette période de confinement ?
Le premier confinement je l’ai vécu super bien, j’avais envie de faire des sons, des clips, j’ai fait pleins de trucs. Après le truc est un peu tombé sur moi en septembre, j’ai commencé à me rendre compte de pleins de choses dans ma vie, des certitudes, je me mettais des wagons que j’ai essayé de rattraper… Ça m’a amené à une remise en question et j’ai pu écrire une dizaine de chansons. Je reviens doucement à ma source j’ai écris un album avec 99% d’acoustiques, complètement à contre courant, et je suis assez fier de ça.

Je vis avec ma fille, donc ça m’a permis de passer un peu temps avec elle. J’ai appris pleins de recettes de cuisine bien chanmé ! Mais je commence à en avoir un peu marre, j’ai envie d’inviter mes potes au restau, de draguer sans avoir de masque, j’ai envie de retourner à New-York… L’arrêt du live c’est terrible, j’avais une quinzaine de concerts qui était en train de se booker. Pour les artistes qui ont des grosses tournées c’est chaud j’en parlais avec Hatik, c’est un mec qui adore la scène, il me disait « Fais chier, pfff là c’est dur ». Au début j’ai fait plein de live chez moi, tu sens que ça fait du bien à tout le monde, que tu donnes des choses aux gens. Mais ça me manque de les voir, de leur chanter des chansons. J’ai fait environ 200 Zénith et la ça fait 1 an que je n’ai pas joué… Ça me manque tellement, je suis un mec qui kiffe être sur la route ! Ça fait du bien d’être dans une salle de spectacle, d’être avec tes musiciens ou d’échanger avec ton ingé son.

« Je crois que je préfère écrire plutôt la nuit. La nuit tout le monde dort, tu as l’impression que le monde est à toi. »

 

Est-ce qu’il y’a un lieu ou un moment qui t’inspire pour créer de la musique ?
J’ai pas de règle. Mais pour l’album que je suis en train d’écrire c’est de ne pas avoir d’horaires, d’éteindre mon téléphone et de pas avoir de bruit. En général je vais dans une maison avec mon prof de guitare, on reste quelques jours et on revient avec des chansons.

Je crois que je préfère écrire plutôt la nuit. La nuit tout le monde dort, tu as l’impression que le monde est à toi. Pour faire de la musique j’ai besoin de parler de la vie, de vivre, de me balader…

Tu joues de la guitare c’est quoi ton rapport avec cet instrument ?
La première fois que j’ai entendu de la guitare c’était dans « Beat it » de Michael Jackson. J’aime beaucoup le rock donc la guitare est omniprésente. Je suis aussi un gros fan de reggae, dès que j’en écoute y’a un truc qui se passe à l’intérieur de mon corps !

Dans la guitare ce qui me plaît c’est que tu peux l’emporter partout, tu la tiens près de ton corps y’a un son de fou qui sort et c’est comme si tu avais une relation intime avec elle… Après y’a un journaliste qui a dit « Aaah bon il est pas mal l’album de TOMA après heureusement qu’il nous a pas fait tous les morceau de guitare-voix avec les pieds dans le sable » … Bon ça m’a fait rigoler mais c’est dommage que ça soit si cliché.

Si tu n’avais pas fait de la musique, vers quoi tu te serais tourné ?
Comédien, avant de comprendre qui j’étais j’ai joué pas mal de personnages. Et ça fait du bien de s’amuser à jouer quelqu’un d’autre.

C’est quoi ta dernière découverte musicale ?
Joy Oladokun

Si tu devais passer une bonne soirée avec 3 personnes mortes ou vivante qui serait à ta table ?
Alors ça serait : Tunisiano, avec lui c’est sûr que tu passes une bonne soirée, Teddy Corona et Carole Rocher.

C’est qui ton vrai frérot ?
Mon vrai frérot dans la vie, j’ai envie de dire Teddy Corona. Grande peine ou grande victoire c’est lui que j’appelle !

Ton label (enfin celui d’Hypersensible) s’appelle Sous X Entertainment… On a pas trouvé trop d’infos sur le web, on imagine que c’est toi derrière ?
C’est mon label je l’ai créé pour le premier album et le premier artiste de ce label s’appelle TOMA. J’avais envie d’être au volant du véhicule, de contrôler le rythme des sorties des choses et de ne pas être juste l’artiste. Je pense produire ma fille qui chante et qui fait des chansons. Mais je suis très accès sur ma carrière.

Tu souhaites quoi au monde pour les années qui suivent ?
La paix chez les gens, moins de fanatisme, moins d’extrémisme, de faire gaffe à la planète.
J’aimerais bien que l’être humain devienne sa meilleure version.

Découvrez ou (re)découvrez le single de TOMA « La dalle » en feat avec Hatik et son album « Hypersensible » 

Kao

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